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La valise de Morgane
5 septembre 2008

Moi et mes "patrons"

Je suis désolée de ne pas avoir pu raconter mes aventures d'au pair au jour le jour, avec les photos comme le font Sophie et Claire [allez voir leurs blogs, les deux sont vraiment super, avec beaucoup d'humour!] mais l'accès à internet que j'avais là-bas ne me le permettait pas.

Le récit que je vais faire sera donc plutôt un bilan...

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La grande maison carrée en haut est celle de mes hosts : 4 étages et une terrasse sur le toit.

 

Je suis arrivée à Salzbourg le mardi 8 Juillet, vers 22h30, après presque 14h de voyage car je suis passée par Paris puis à Munich avant d'atteindre ma destination finale. Le voyage s'est bien passé malgré le stress, et le père de la famille m'attendait comme convenu à la gare. J'ai eu du mal à le comprendre, car l'accent autrichien est particulier, j'avais pu le constater dans le train en discutant avec mon voisin pendant le trajet. Mais il y a une chose qui compense l'accent, c'est la gentillesse des gens et leur volonté de toujours aider les autres ! Et sans ce voisin de siège qui m'a confirmé que c'était le bon quai, le bon train, la bonne station et m'a porté mes valises, j'aurai été beaucoup plus stressée ! Lorsque je suis arrivée à la maison, la mère nous a accueillis et a commencé à parler à toute vitesse de mille choses en même temps sur les lumières, les stores électriques, la fenêtre, la salle de bain, les draps, si j'avais faim etc. Avec la fatigue je n'ai qu'à moitié suivi, ce qui a eu pour résultat que quand j'ai ouvert ma fenêtre, j'ai déclenché l'alarme de la maison. Bon départ pour un premier soir ! Le lendemain matin j'ai fait la connaissance du petit garçon, Constantin à qui j'offre mon beau set de camions-poubelle. Il fait un peu le timide avec moi mais cela se passe bien dès que je commence à jouer avec lui. Les premiers jours où je suis là, il va encore au Kindergarten le matin, donc je n'ai pas à m'en occuper. En revanche, j'accompagne toujours la famille l'après-midi pour me familiariser avec eux.

Je découvre que les repas ne sont pas très consistants et que ma famille d'accueil, en plus d'être végétarienne, est bio-fanatique.

Seulement j'ai à peine eu le temps de les découvrir que la mère m'annonce qu'ils partent en vacances en Italie une semaine, sans moi. J'accuse la nouvelle, car ils ne m'en avaient rien dit, cela fait seulement 4 jours que je suis là et ils « m'abandonnent » déjà. A part le ménage, je n'aurai rien à faire, donc j'en profite pour visiter Salzbourg un maximum. La ville me plaît beaucoup et je m'y sens vraiment à l'aise.

N'ayant pas accès à internet sur mon pc, je guette avec impatience l'arrivée par la poste du modem que la mère a commandé.

A leur retour, une semaine plus tard, les choses sérieuses commencent. Je m'occupe de Constantin tous les matins, de son réveil au déjeuner. L'après-midi, j'ai du ménage ou du repassage à faire.

Un matin, la mère m'annonce que l'on part pour Linz, future capitale européenne de la culture, car elle doit faire faire les dernières retouches de sa robe de mariée.

Une fois cela fait, je serai libre de visiter la ville pendant qu'elle ira voir ses parents.

A Linz je veux tout voir, je suis avide de découvrir l'Autriche, et je marche pendant 5h d'affilée sans m'arrêter. Je visite les deux cathédrales, presque toutes les églises, tous les bâtiments importants, je veux les voir et prendre des photos pour m'en souvenir ! Je passe une bonne journée mais rentre épuisée.

Le week-end passe, plus difficile que le reste de la semaine car je commence plus tôt pour que les parents puissent faire la grasse matinée.

L'après-midi, quand il fait beau j'accompagne la famille au lac. C'est à la fois très joli mais pénible rester toute une après-midi en plein soleil, donne des coups de soleil voire des insolations.

Petit à petit la routine s'installe et la mère de famille se désintéresse de moi. Elle me demande de plus en plus de choses (à faire) mais ne prend pas la peine de discuter avec moi. Plus le temps passe et plus je sens qu'elle m'a fait venir uniquement afin de faire le ménage et garder le petit. Il n'y a pas d'échange et c'est dommage, c'est ce qui fait la réussite d'un séjour au pair.

Le premier mois est passé très vite, car j'étais très enthousiaste et j'avais plein de choses à découvrir de l'Autriche, de Salzbourg... Et une fois le premier mois passé, le coup de blues me tombe dessus sans crier gare. J'aime ce pays et j'apprécie absolument tout dès que je suis off. Mais le job d'au pair, quand on est considérée comme du « petit personnel », n'a plus aucun intérêt.

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Constantin et sa mère, en pleine crise.

Je m'ennuie quand je garde l'enfant, que je trouve de plus en plus mal élevé, je suis fatiguée de passer 2h à passer l'aspirateur tous les deux jours, de faire le repassage... Je ne retrouve le moral que lorsque je pars me promener en ville. D'ailleurs, je fais la connaissance d'Astrid, une étudiante autrichienne de Salzbourg que j'avais contactée sur un site de penpals. On discute beaucoup en français et je découvre que c'est une véritable passionnée de la France, qu'elle sait énormément – et même plus de chose que moi – sur mon pays.

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Astrid et moi au Saran dans la Judengasse, mon adresse préférée dans la vieille ville.

Le 14 août, jour de mes 20 ans, la maman m'accueille au petit-déjeuner avec un gâteau au chocolat sur lequel est posée une bougie. Je suis surprise et émue, finalement elle ne m'ignore pas tant que ça ! Malheureusement cela ne dure pas, ce gâteau je le mange toute seule. Plus les jours passent, plus je suis agacée et déçue de devoir dîner tous les soirs toute seule. De plus le frigo est vide, je ne mange rien d'autre que des tomates, des pâtes et du riz. Je ne sais jamais quand je commence le matin – la mère m'appelle quand il faut que je monte – ni quand je dois faire le ménage ou du babysitting le soir. Je ne suis prévenue de rien, j'ai l'impression d'être à disposition de la famille, qui m'appelle quand elle a besoin de moi, et me laisse dans mon coin le cas échéant.

Fatiguée, je décide d'en parler : l'amélioration est aussi brève que le coup du gâteau d'anniversaire.

Plus le temps passe, moins la mère se gêne vis-à-vis de moi.

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Une journée particulièrement décevante pour moi signe la fin définitive de mon enthousiasme. Un dimanche, après m'être levée à 7h pour garder l'enfant pendant que les parents dormaient, je décide de faire la sieste, comme le petit. Seulement les parents ont visiblement du rangement et du nettoyage à faire et ne s'embarrassent pas : ils utilisent ma chambre pour transporter leurs déchets, et ma salle de bain pour nettoyer leurs vieillerie, tout cela sans même frapper à la porte avant d'entrer, sans me prévenir, sans s'excuser. Je remets ma sieste à après le déjeuner. Seulement, point de déjeuner, j'attends en vain. Vers 16h30 je les vois passer devant ma fenêtre, qui s'en vont à la plage. Je décide donc de monter prendre quelque chose, car cela fait presque 10h que je n'ai rien mangé. Et là, je découvre que la mère a cuisiné un vrai repas, avec dessert et qu'ils ont déjeuné sans moi ! Ils ne sont même pas venus me chercher. Je suis vraiment blessée de ce peu d'attention.

Je compte impatiemment les jours qui me séparent de mon retour. Je ne fais plus que mon job, sans enthousiasme, et ma présence se réduit à cela.

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Constantin et Mia (une petite fille que je gardais aussi de temps en temps, bien mieux élevée que Constantin malgré le jeune âge de sa maman : seulement 22 ans !)

Je pars le lundi à 7h30 et passe ma dernière journée en Autriche à faire le ménage pendant qu'ils sont à la plage. Après un dernier dîner toute seule, je m'inquiète car à 21h ils ne sont toujours pas rentrés et je n'ai pas encore été payée : ils me doivent 330€. Ils arrivent finalement un peu plus tard et me donnent mon argent. Le lendemain, le père me dépose à la gare : j'ai rapidement dit au revoir à la mère, mais pas à l'enfant car il dormait. Cela m'est complètement égal.

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"On écoute son au pair, n'est-ce pas Constantin ?"

Une fois dans le train pour Munich, je suis soulagée, c'est fini.


Je ne regrette pas d'avoir passé cet été comme je l'ai fait. Il y a eu de nombreux points positifs : j'ai vraiment amélioré mon vocabulaire et ma compréhension en allemand, j'ai découvert un pays magnifique sur tous les plans... [on peut aussi rajouter, « je suis devenue une vraie petite fée du logis » !] Mais sur le plan humain, zéro. Du moins au sein de la famille, car j'ai discuté avec beaucoup de gens vraiment charmants par ailleurs.

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Mes 3 amis coréens, rencontrés le dernier jour. Ils étaient tous perdus et comme je leur ai servi de guide dans la ville, ils m'ont invitée au resto ! Si c'est pas adorable, ça !

L'éducation de l'enfant se faisait par le mensonge et le chantage... il y avait un vrai problème de paresse/laxisme. Quand le petit, à 3 ans me sort « Si tu es sage tu auras le droit de monter dans mon nouveau siège auto » ou « si tu manges gentiment tu auras droit à des smarties », je trouve ça grave. De même qu'il ose lever la main sur moi, qui plus est sans aucune raison.

Heureusement je ne me suis pas laissée impressionnée et en 2 mois il ne m'a fait aucune véritable crise, je l'ai toujours raisonné par l'explication ou découragé par l'ignorance de ses colères.

Même s'il me testait sans arrêt (et je n'avais aucun soutien des parents) il finissait toujours par m'obéir. Je le plains sincèrement car au fond c'est un enfant qui ne connait que la manière de fonctionner de ses parents, et n'est pas responsable de leur paresse éducative... Enfin bon... ce que j'ai vu est affligeant...

Pour ne citer qu'un exemple parmi tant d'autres, comme le père est dégoûté par les besoins naturels de son fils, lorsque celui-ci a envie d'aller sur le pot, il lui met une couche pour ne pas avoir à nettoyer.

Voilà, je m'arrête ici après ce long récit de mon séjour au sein de la famille, et de ma relation avec elle. Je regrette que cela se soit passé comme ça car certaines filles ont la chance d'avoir une grande complicité avec la famille... mais cela peut arriver que l'on soit déçu(e) par celle-ci et il faut le savoir!

Pour le récit de ce que j'ai vu et fait en Autriche – et qui sera en passant beaucoup plus gai et illustré de photos que ce post déprimant ^^ - j'écrirai un autre article demain pour vous communiquer mon enthousiasme !

En attendant je vais « Betti heiti » ! Gute Nacht !

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Commentaires
J
Et bien... C'était vraiment pas des gens interessants et je te comprends quand tu dis que tu es partie sans aucun regret! C'est super que l'expérience t'ai quand même plue et que tu en retires que le positif :-)
La valise de Morgane
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